19-03-2013
Quelle attitude comportementale faut-il donc adopter pour être un bon trader ?
Daniel Gravier, Directeur Général XTB France :
"Chez
XTB, les recommandations que nous donnons à nos clients concernent
l’amélioration de leur comptabilité et leur psychologie mentale :
- Avoir un « money management » qui permet de gagner plus sur ses "trades gagnants" que sur ses "trades perdants".
- Ne se positionner sur un actif que si et seulement si cet actif a un potentiel d'appréciation important.
- Garder en mémoire qu'en bourse, il n'y a (presque) jamais de fumée sans feu.
Au
contraire, compte tenu de l'inertie des marchés, quand un titre
dévisse, c'est qu'il aurait dû décrocher depuis longtemps et que la
chute n'est sans doute pas terminée. Inversement, quand un titre
accélère à la hausse, c'est que le marché vient de se rendre compte que
les fondamentaux se sont améliorés.
- Prendre des positions sur
un titre seulement en raison de son potentiel, et non point pour
répondre à des ratios de pondération qu’ils ont fixé arbitrairement.
-
Considérer comme indépendantes les décisions qui le sont objectivement ;
ce n'est pas parce qu’un client a réalisé cinq bons investissements
dans un compartiment que le sixième est assuré d'être excellent.
-
Eviter de changer ses « stop loss » et sa stratégie globale. Il est
courant qu'un investisseur néophyte éloigne son stop de perte pour
éviter de subir ses pertes. Même si ce n'est pas agréable, tous les
professionnels font des pertes!
Au final, une perte peut être ainsi multipliée par deux voire dix avec cette attitude.
-
Accepter de perdre, savoir couper ses pertes assez tôt, laisser filer
ses gains. Ne pas accepter de perdre 100 euros et par contre savoir
attendre pour ne pas se limiter à un gain de 20 mais le laisser
augmenter jusqu'à 100 euros."
Quelle est la limite de cette approche ?
Daniel Gravier, Directeur Général XTB France :
"Comme
toute approche sur les marchés, si tous les intervenants adoptent cette
stratégie elle va devenir moins performante et pertinente. A ce jour,
les marchés réagissent toujours de manière très psychologique. Vous
n'avez qu'à regarder le comportement des marchés en séance. Avant chaque
chiffre important, le volume de transaction baisse considérablement.
Ensuite, le marché devient souvent totalement irrationnel.
Nous
conseillons à nos clients de prendre des positions en début de semaine
en dehors de ces périodes d'irrationalité et de les déboucler
systématiquement avant le week-end pour éviter toute mauvaise surprise."
Quels outils proposez-vous à vos clients pour appliquer ce concept de gestion?
Daniel Gravier, Directeur Général XTB France :
"Nous
mettons l'accent sur l’accompagnement de nos clients pour les former
aux méthodes de base du trading. Avec comme objectif de les accompagner
dans leurs investissements, nous offrons à tous les investisseurs
ouvrant un compte de trading chez XTB le livre :
« Psychologie boursière & Trading sur CFD » écrit par Jérôme Boumengel.
Jérôme Boumengel fut l’un des premiers auteurs français à avoir publié un livre sur l'analyse technique.
Il
anime depuis 1995 des formations à forte valeur ajoutée sur l’analyse
technique et la finance comportementale, à l’Institut Supérieur de la
Formation Bancaire de Genève. La psychologie boursière selon Jérôme
Boumengel permet de mieux comprendre les fondements de l’analyse
technique, de sélectionner les outils les plus pertinents de cette
discipline et de découvrir des règles efficaces de trading.
Nous avons également mis en place pour notre clientèle des outils de " trading social (ou trading communautaire)".
Chaque
client peut accéder aux stratégies d’autres traders XTB, analyser leur
comportement, juger de leur fiabilité ou de leurs faiblesses, s'en
enrichir, s'en inspirer. Ceux qui autorisent la divulgation de leurs
trades peuvent le faire sous un pseudo anonyme.
Par le
biais de cet outil « xSocial », XTB devient le seul courtier en ligne
agréé par l'AMF qui offre à ses clients la possibilité soit de
répliquer la performance d’autres traders du site, soit de faire tous
les trades inverses d'autres traders.
Nous proposons
aussi une application "Alert me " qui permet sur Twitter ou Facebook
d'être automatiquement contacté si son stop est exécuté par exemple."
Comment sensibilisez-vous vos clients à cette approche ?
Daniel Gravier, Directeur Général XTB France :
"Nous
conseillons toujours à nos clients d'ouvrir plutôt un compte réel qu'un
compte démo pour débuter. Il est courant qu'un investisseur ayant
réalisé de bonnes performances sur un compte démo perde ensuite de
l'argent en ouvrant un compte réel. Il faut savoir maîtriser ses
émotions et respecter sa stratégie surtout quand on subit des trades
perdants.
XTB met à disposition de ses clients une cinquantaine
de vidéos de formation à l’analyse technique, présentées par les
professionnels du CFAT (Robert Haddad, président du CFAT – Julien
Nebenzahl, président de DaybyDay – Valérie Gastaldy, régulièrement
nommée Best Technical Analyst of the Year) qui reprennent les grands
thèmes suivants : analyse technique et figures graphiques, oscillateurs
et autres indicateurs techniques (moyennes mobiles, MACD, Bandes de
Bollinger, ratios de Fibonacci), chandeliers japonais et Ichimoku Kinko
Hyo, définition de son plan de trading et gestion du risque, analyse de
différents types de trading (stratégie Forex de court ou moyen terme,
techniques de vente à découvert, etc.)"
Comment se comportent les marchés depuis le début de l'année ?
Daniel Gravier, Directeur Général XTB France :
"Les
marchés sont moins irrationnels que pendant le pic de la crise des
dettes souveraines. Ce fut une période difficile pour certains de nos
clients qui ne maîtrisaient pas leurs émotions justement, point sur
lequel nous essayons de sensibiliser continuellement nos clients. La
volatilité et les mouvements de tendance actuels permettent d'adopter
des stratégies de trading gagnantes."
Présentez-nous XTB en quelques mots…
Daniel Gravier, Directeur Général XTB France :
"Créé
en 2002, le groupe XTB est présent dans 16 pays dans le monde et a
installé des bureaux en France depuis moins de trois ans. XTB France est
autorisé à exercer son activité en France par l’Autorité des Marchés
Financiers et l’Autorité de Contrôle Prudentiel. Le groupe XTB compte
déjà plus de 400 collaborateurs et plus de 100.000 clients dans le monde
grâce à notre positionnement à l'avant-garde sur ces thèmes."
Pour en savoir plus........
Pourquoi un tel attrait de la finance comportementale de nos jours ?
La
finance comportementale est un courant de pensée qui s'est développé
depuis une vingtaine d’années. Dès 1986, Werner DeBondt et Richard
Thaler ont attaqué directement l’hypothèse d’efficience des marchés : «
Does The Stock Market Overreact ? » (Les marchés sur-réagissent-ils?),
publié dans Journal of Finance. Mais à cette époque, la thèse de
l'efficience des marchés faisait l'unanimité et cet article, comme ceux
des psychologues Daniel Kahneman et Amos Tversky, sont passés
relativement inaperçus lors de leur parution. Ces idées novatrices n'ont
réellement donné lieu à une nouvelle approche de la finance dite «
finance comportementale » que dix ans plus tard.
A ce jour, la finance comportementale est l'une des approches essentielles pour aborder le trading sur les marchés.
Les
principaux économistes représentant ce courant sont B. De Long,
A.Shleifer, L.H. Summers, R.J. Waldmann, R.J.Shiller. Elle a pour but
d'expliquer certaines des anomalies constatées en abandonnant l'idée de
rationalité de l'investisseur. Les crises financières passées ont donné
beaucoup d'acuité à cette approche.
Quels types de constats mettent en évidence la pertinence de l'analyse de la finance comportementale ?
Prenons un exemple simple : plus le prix d'un produit baisse, plus un individu a tendance à en consommer.
En
bourse, c'est la même chose : irrationnellement, il est plus agréable
d'acheter inconsciemment un actif s'il baisse. C'est ainsi que de
nombreux investisseurs particuliers se positionnent « en moyennant à la
baisse ». Ce qui s’avère parfois être une stratégie catastrophique si la
tendance sur cet actif est fortement baissière. C'est ainsi que
beaucoup de particuliers ont essuyé de fortes pertes lors de la crise de
l'euro ou lors de la crise des subprimes.
A l'inverse, peu
d'investisseurs particuliers arrivent à acheter un actif après une
hausse. C’est moins naturel, et psychologiquement plus difficile,
d'acheter plus cher que la veille.
Autre exemple : il existe toujours
de bonnes raisons pour une hausse du marché. Il est à noter cependant
que les hausses sont plus lentes que les baisses. Alors qu'à la hausse,
les investisseurs ont un comportement prudent, à la baisse ils se
laissent aller à la panique, ils sont contraints sans réfléchir à
vendre.
Selon KAHNEMAN et TVERSKY, les parieurs aux courses tiennent
une comptabilité à la journée, ce qui a une incidence importante sur
leurs comportements dans la fin de la journée : les paris y sont
d'autant plus importants que le parieur est gagnant sur la journée, donc
les parieurs s’éloignent un peu de toute rationalité en fin de journée.
Ce
phénomène existe aussi en bourse. SHAPIRA (1999) a par exemple décelé
chez des traders d'obligations une tendance à prendre des risques plus
importants si le jour précédent s'est clos sur une perte, ou si deux
heures avant la clôture leur compte personnel se situe dans le rouge.
Quels sentiments animent un investisseur sur les marchés ?
THALER
(1985) pense que les consommateurs, lors d'une transaction, obtiennent
deux types d'utilité : l'utilité d'acquisition et l'utilité de
transaction.
L'utilité d'acquisition est la mesure de la valeur du
bien obtenue relativement de son prix ; tandis que l'utilité de
transaction mesure la valeur obtenue de l'affaire, elle est définie
comme étant la différence entre le prix payé et le prix de référence du
bien (qui est le prix régulier que le consommateur s'attend à payer).
Pour
faciliter la compréhension de cette notion, THALER a pris l'exemple
d'un individu qui a l'habitude, quand il se balade dans les petits
villages, d'acheter une canette de sa boisson fétiche qui coûte 0,5 euro
l’unité. Un jour où il est particulièrement assoiffé et où la
température avoisine les 40°C à l'ombre, il rentre dans une petite
boutique aussi typique que toutes celles qu'il a visitées jusque-là,
prend une canette dans le réfrigérateur et se dirige vers la caisse. Le
caissier lui indique que le prix est de 1,5 euros. Que va-t-il faire ?
Conclure la transaction ? Ou être rationnel et ne pas accepter de payer
1,5 euros ce qui ne vaut que 0,5 euro ? Mais pourquoi accepte-t-il
d'acheter à la boutique de l'hôtel la même canette à 2 euros ?
La
seule différence entre les deux situations (dans le village et à
l'hôtel), c'est son référentiel : l’individu a en tête que le prix
standard au village est 0,5 euro et que dans les hôtels le prix est de 2
euros et souvent même davantage.
Ainsi, ce n'est plus la détention d'un bien qui procure le plaisir, mais le fait de l'avoir acquis dans de bonnes conditions.
On
applique très souvent ce genre de raisonnements en bourse, lorsqu’on
achète des titres parce que l'occasion est très belle, ou lorsqu’on les
vend suite à des conditions exceptionnelles.
L'expérience consiste à
proposer à un groupe d'investisseurs deux fonds : l’un en actions,
l'autre en obligations. On constate en moyenne qu’ils choisissent
50%-50% entre les deux fonds. La règle « ne jamais mettre tous les œufs
dans le même panier » peut ainsi conduire à des comportements parfois
difficiles à justifier.
Ce biais de diversification présente plusieurs conséquences pratiques :
-
On a tendance à pondérer équitablement les différents compartiments
d'un portefeuille boursier, même si certains ont des performances
corrélées ;
- On essaie également d'équipondérer les lignes au sein
d'un compartiment même si les potentiels de gains ne sont pas
identiques.
Quels sont les comportements psychologiques courants les plus négatifs chez un investisseur ?
D'après MANGOT (2004), un investisseur a plusieurs comportements handicapants à éviter :
- Il achète instinctivement les titres qui dégringolent.
- Il vend ses titres quand ils enregistrent une accélération soudaine à la hausse.
-
Il s'accorde le droit de prendre des positions hasardeuses sur certains
titres quand il a accumulé des gains dans un compartiment.
- Il est plus prudent dans ses investissements dans un compartiment quand il y subit des pertes.
- Il s'astreint à pondérer équitablement ses différentes lignes.
- Il achète souvent des titres en retard sur le reste du marché ou du secteur pour jouer un rattrapage.
- Il n'aime pas les valeurs structurellement décotées, ni celles qui ont une faible volatilité.
- Il regarde très peu les rendements des actions : ce qui l’intéresse, ce sont les plus-values en capital.
- Il est d'accord avec l'idée que les actions sont des placements très risqués.
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Il est courant qu’il se fixe des limites de pertes deux à trois fois
supérieures à ses limites de gains. Comment peut-il gagner sur les
marchés s’il faut trois trades gagnants pour combler un trade perdant?
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