14-11-2011
Les réactions gouvernementales sont très en retard sur celles des marchés. C’est ce que déplorent les opérateurs lorsque la santé de leur portefeuille est en jeu, eux qui souhaiteraient que les Etats obtempèrent à leur première injonction. Les marchés saluent les politiques quand ils obtiennent ce qu'ils désiraient mais doutent aussitôt ensuite que leurs créances ne soient un jour non remboursées..... Le feuilleton ininterrompu des psychodrames récurrents, depuis maintenant plus de trois ans, confirme le retard à l’allumage systématique des décisions politiques.Les gouvernements tombent . Des économistes sont désignés à leur place ...Mais les économistes ne savent plus « donner du sens au monde qui les entoure » (Robert Solow, Nobel 1987).Jusqu'à présent les dirigeants politiques européens ont été les bouc-émissaires de cette crise alors que , au contraire, la pensée économique est à court d'idées....
Les désordres actuels sèment le doute sur un système vieux de deux siècles. et qui a bien fonctionné : le capitalisme a engendré une vague de prospérité inégalée. Mais ,avons-nous fini de manger notre pain blanc?
Les politiques budgétaire et monétaire ont-elles un effet direct sur la réalité économique ?
Le simple fait de poser la question constitue un camouflet aux prétentions des gouvernements et des banques centrales.En l'absence de prospérité et de croissance, le monde occidental est en proie aux doutes.
Tel est le sentiment au sein du mouvement américain Tea Party, qui proteste contre les désordres attribués à l’interventionnisme fédéral. Les Indignés yankees qui « occupent » Wall Street n’en pensent pas moins, mais accusent la démission des pouvoirs publics. Sur une démarche objective, il n’est pas possible de trancher entre ces deux positions extrêmes: elles sont toutes deux également fondées.
D’évidence, les praticiens patentés de l’économie sont largués : les plus iconoclastes, qu’ils soient ou non nobélisés, ne peuvent s’abstraire de leur pensée formatée et proposent de fragiles emplâtres à une machinerie déglinguée ; ou bien promeuvent la version « remastérisée » du marxisme-léninisme, dont les anciens usagers, merci pour eux, ont pu apprécier les bienfaits. Quant au personnel politique, normalement concerné au premier chef par la réflexion sur l’équilibre serein d’une société, donc sur la quête du Graal qu’est l’intérêt général, ses propositions de « programme » – partout dans le monde où des élections approchent – relèvent d’une pensée ridiculement blette.
La grosse différence réside dans le fait qu’aujourd’hui, il est illusoire d’espérer l’atténuation des difficultés par un retour aux taux de croissance d’après-guerre, même si les populations anciennement « émergentes » (et désormais plus nombreuses) rêvent d’adopter feu l’american way of life: ni le stock résiduel de ressources naturelles, ni les contraintes environnementales ne le permettent. Sans parler du délabrement du système financier. Reste donc à inventer un mode de vie qui ne bride pas la précieuse initiative individuelle et qui ajuste l’appétit de consommation aux contraintes naturelles. Un mode de vie plus frugal en biens matériels, qui étalonne le besoin de reconnaissance de l’individu – inhérent à l’espèce, donc incontournable – à autre chose que l’accumulation illimitée de richesses. Si l’on en juge à la férocité que déploie la planète financière pour préserver son gros fromage, et à l’indignation du petit peuple qui craint pour son maigre dessert, nous n’en sommes pas encore là. Mais il ne faut pas désespérer : confronté à la nécessité, l’Homme a constamment démontré une remarquable capacité d’adaptation…L'homme est-il capable enfin d'y réfléchir ?
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