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La planche à billets des banques centrales

16-09-2011

Alors que la majorité des peuples et des opinions publiques européennes sont maintenant hostiles à toute aide supplémentaire pour la Grèce, les différentes banques centrales mondiales ont décidé, pour éviter un défaut de paiement de la Grèce voire d'autres pays, de relancer la planche à billets comme lors de la faillite de Lehman Brothers...

On assiste depuis deux ans à une opposition nette entre des dirigeants de la BCE peu concernés par les opinions publiques et les dirigeants élus allemands qui sont soumis à leur opinion publique et marqués par leur peur historique de l'inflation.

Les dirigeants de la BCE ont jusqu'à présent géré la crise financière depuis 2008 sans aucun contrôle. Il serait temps d'y réfléchir un jour.... La BCE joue donc son va-tout pour se sauver elle-même et pour sauver le fonctionnement des institutions monétaires.

Le président de l'institution européenne a toujours réaffirmé son opposition résolue à toute idée d'une restructuration de la dette, en l'occurrence celle de la Grèce, comme le demande certains dirigeants en Allemagne.

Plusieurs pays, dont l'Allemagne, qui font face à l'hostilité croissante de leurs opinions publiques, veulent réduire au minimum leur contribution à la nouvelle aide à la République hellénique.

Dans l'affaire grecque, les Européens sont dans une impasse.

Pour rassurer les marchés et sortir de cette impasse, les banques centrales faisant fi de tout débat démocratique ont décidé de faire fonctionner la planche à billets.

Le risque d'un événement de crédit  pourrait s'avérer préjudiciable pour la BCE, et mettre à mal son indépendance sur laquelle s'est bâtie sa réputation.

La BCE est elle aussi dans une impasse.

En effet, dans le cadre de la résolution de la crise de la dette souveraine dans la zone euro, elle a acheté des obligations des pays fragiles à hauteur de 444 milliards d'euros, dont 190 milliards d'euros de papier grec, selon une étude du think tank Openeurope.

Cela souligne le risque auquel est exposée la BCE en cas de défaut de dette et les conséquences sous forme de contagion aux autres maillons faibles de la zone euro. De facto, une décote de ces actifs la rendrait extrêmement vulnérable, et très dépendante des États de la zone euro, qui devraient la recapitaliser.

La Banque centrale européenne a « pris en pension », selon la formule consacrée, des milliards d’euros de titres pour gager les prêts des pays périphériques : 2 010 milliards d’euros répartis entre :

- ABS (asset backed securities : titres adossés à des actifs)
– Obligations du secteur public
– Obligations bancaires
– Obligations d’entreprise
– Autres créances

Selon Der Spiegel, une grande partie de ces actifs ont été surévalués, ce qui a permis à certains pays d’emprunter bien au-delà de ce qu’ils pouvaient prétendre. Le quotidien allemand estime que si les garanties de Depfa bank, la branche irlandaise du failli allemand Hypo Real Estate, avait été normalement estimées, la banque n’aurait pu emprunter que 20% des montants qui lui ont été accordés.

Pour se sauver d'une déroute , la BCE a donc choisi, avec l'aide de ses homologues internationaux, de financer la dette grecque.

Immédiatement opérationnel, cela va de plus aider le Fonds européen de stabilisation financière (FESF) doté de 440 milliards d’euros.

Pour autant, les parlements nationaux  doivent ratifier ce projet dans un climat qui devient de plus en plus tendu.

En  injectant encore plus d’argent dans une économie ­incurable, le but est d'apaiser les marchés de façon transitoire et artificielle.

Mais l’argent seul ne ré­soudra pas le problème de solvabilité de la Grèce et le rapport de force va devenir vif entre les monarques argentiers de notre planète et les élus des démocraties du Nord de l'Europe, soucieuses de leurs équilibres financiers. L'opposition entre ces deux pouvoirs va être une tension et un enjeu permanents qui sont un obstacle incontournable à la résolution de ces crises.

Le directoire de la BCE est divisé sur le rachat de la dette italienne par la BCE, comme l’a montré la démission de Jürgen Stark, son chef économiste, la semaine dernière.

La décision des banques centrales de racheter tous les titres décotés a pour but d'éviter un assèchement des liquidités dans le système financier.

Loin d'être un soulagement définitif pour les marchés, il souligne les tensions qui paralysent tout le système financier et la nécessité de repenser d’urgence l’architecture de l’union monétaire.

A moyen terme, cette politique monétaire est intenable. En attendant, le recours intensif à la planche à billets par la BCE, avec ou sans l’Allemagne, va être utilisé sans débat démocratique sur ce sujet et sans en mesurer les conséquences pour les générations futures.

Plus d'infos:

Germany Rejects Using ECB Leverage to Increase European Rescue Fund’s Size Source Bloomberg  

 




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