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La dette publique n'est pas une fatalité.


L'assainissement spectaculaire des finances publiques canadiennes dans les années 90 est sans doute la «success story» la plus étudiée par les hommes politiques français. Question : pourquoi n'en tiennent-ils aucun compte ? L'exemple du Canada montre véritablement que vivre perpétuellement endetté n'est pas une fatalité.

Plusieurs facteurs ont contribué à ce «déclic». D'abord un sentiment de déclin très fort, alimenté par des jugements lapidaires de la presse étrangère, notamment américaine, sur la déroute financière du pays. «Le Wall Street Journal parlait du dollar canadien comme du «peso du Nord». Le Canada était devenu le Mexique. Ce regard étranger, humiliant, correspondait à une réalité. Il s'en est fallu de peu que le Trésor canadien n'appelle le Fonds monétaire international (FMI) au secours pour assurer ses fins de mois au plus fort de la crise de 1993. Cette crise avait en outre une traduction palpable pour le grand public : des taux d'intérêt de plus en plus élevés. Cette crise a créé un consensus général pour s'attaquer vraiment au problème. 
 

Le Canada entame sa neuvième année avec des comptes publics excédentaires. Un luxe que ne connaissent aujourd'hui, à peu de choses près, que quelques pétromonarchies. Au cours des dernières années, seuls deux autres pays du G 7 sont parvenus à dégager un excédent budgétaire, les États-Unis et la Grande-Bretagne. Mais ils ont replongé dans les déficits en 2002. Pas le Canada. 
Dix ans d'histoire économique canadienne prouvent que l'assainissement des finances publiques n'a pas été synonyme de ce que l'on appelle chez nous de " rigueur". La réduction des dépenses publiques a coïncidé – un peu par chance : c'était le début du boom Internet, l'économie américaine s'envolait – avec une période de forte expansion. Autrement dit, ce n'est pas parce que l'État s'est serré la ceinture que le pays en a souffert au plan économique. Ce fut même le contraire : sur la période 1995-2000 loin de plomber l'activité, l'a au contraire stimulée.

 Chaque année, la dette de la France coûte environ 50 milliards d'euros: C'est l'équivalent de 20% du budget de l'état, soit 89% de l'impôt sur le revenu ou encore 140% de l'impôt sur les sociétés qui sert à payer les intérêts de la dette nationale. Pas la dette, hein! Juste les intérêts. Malgré des taux d'intérêts qui ont rarement été aussi bas, la situation est préoccupante. Mais selon la formule consacrée, jusque là, tout va bien…

Si on ramène ce chiffre à la population française, à la naissance, un petit français doit donc déjà 18 000 € à différents "investisseurs"! Ça commence mal pour lui, mais on ne va pas lui confisquer sa tétine… enfin, pour le moment… 

Aux 1100 G€ de dette publique aux normes européennes, il faut ajouter les engagements "hors bilan", dont les normes comptables internationales demandent la comptabilisation, soit au moins 900 G€ d'engagements au titre des retraites. Soit une dette qui dépasse, en 2006, les 2000 milliards d'euros.

 Raison de cet endettement: au Royaume-Uni, la règle est d'avoir un budget à l'équilibre sur un cycle économique. En France, la pratique, qui traduit une certaine faiblesse politique et une politique économique à courte vue, est d'avoir un budget en déficit permanent...

L'exemple canadien a pourtant montré que la baisse du déficit s'est accompagnée d'une hausse de la croissance, traduisant une hausse de la confiance des consommateurs dans leur économie. Baisse de déficit ne signifie pas austérité, mal vécue et rejetée par nos concitoyens  . Le rétablissement de l'équilibre financier de la France repose sur un consensus général , sur le retour de la confiance, qu'aucune politique ici n'a su créer. Les craintes de crise économique grave diminuent la consommation. Rétablissons les équilibres, redonnons le moral à nos concitoyens et la croissance pourra s'accélérer.

Espérons que les futures politiques économiques puissent créer aussi un tel équilibre pour assurer un avenir à nos enfants.




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